jeudi 3 juillet 2014

Palol sur la carte de Cassini (1779)

Les cartes de Cassini, éditées entre 1756 et 1815, couvrent l'ensemble de la France de l'époque et comprennent donc le territoire actuel des Pyrénées-Orientales. Ces cartes sont un outil précieux car elles permettent de repérer aussi bien  les lieux déjà existant à l'époque que  disparus depuis, ainsi que les noms de lieux dans leurs graphies anciennes ou leurs dénominations alternatives. Voyons donc l'extrait de la carte qui concerne le territoire de Palol, daté de 1779, que l'on pourra alors comparer avec la carte de 1706 de Nicolas de Fer vue précédemment. Notons qu'en 1779 le territoire de Palol compte autour de 50 habitants. Il en est de même conjointement pour les hameaux de L'Arbre Gros et La Selve situés juste au sud.

Carte de Cassini de 1779

Sur cette image, le territoire de Palol se situe, du nord au sud, de l'inscription Palol jusqu'en-dessous de Les Carmes. Le long de cette ligne on remarque une rivière, en fait le correc de Nogarèdes. Des deux rivières qui en sont à l'origine, celle de droite descend directement du Pic du Boularic, ainsi que nous l'avons vu précédemment, et se dénomme le Solana d'en Blanc. On a là la frontière occidentale de Palol. On remarque au-dessus du point de confluence l'inscription Ribes, qui correspond à l'actuel Mas Ribes et qui se situe  bien à l'époque sur le territoire de Céret. Les noms St Louis et Germa, situés juste en-dessous, ne figurent plus sur la carte IGN actuelle, pas plus que Les Carmes, situé immédiatement à l'est, mais qui pourrait correspondre à un signalement de ruines sur la carte IGN.

A droite de Palol, on peut voir du nord au sud : Peligourdi et Calseroig, Biscaye, Le Capellan. Encore plus au sud on a Françon, Denis, encore Peligourdi et enfin L'Arbre Gros.

Les deux Peligourdi correspondent aujourd'hui au mas d'en Pallagordi et au Bac d'en Pallagordi. Calseroig désigne aujourd'hui sous le nom de Calce Roig deux lieux situés à proximité dont l'un est sur le territoire de Céret et l'autre sur le territoire de Maureillas. Biscaye est le Mas Viscaia et Le Capellans est devenu le Mas dels Capellans. Denis et Françon ne correspondent à rien sur la carte IGN actuelle. Mais nous aurons l'occasion plus tard de reparler de ces noms. L'Arbre Gros est un hameau associé à Las Selve (en bas à droite, limite hors-carte).

Enfin, on peut voir dans le coin à droite un mystérieux Saint-Jean, lui aussi absent des cartes contemporaines et situé en-dessous de Maureillas (hors-carte) et dont j'aurais également l'occasion de reparler plus tard.

Pour résumer, les noms concernant le territoire de Palol et figurant sur cette carte de 1779 sont : Palol, Les Carmes, Peligourdi (nord et sud), Calseroig, Biscaye, Le Capellan. Denis et Françon sont à la limite.

Source de la carte (domaine public) : Géoportail

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vendredi 18 avril 2014

Vol d'un troupeau à Palol, le 25 juin 1815



Retranscription d'un procès-verbal daté du 25 juin 1815 signalant le vol d'un troupeau de moutons par des Espagnols sur la commune de Palol. L'écriture n'a pas été toujours facile à lire (cf. image ci-dessus) et je n'ai pas réussi pour l'instant à déterminer avec certitude les noms des deux principaux protagonistes. Les passages entre crochets signalent ces difficultés.




Le jourd'huy vingt-cinq du mois de juin de l'an dix huit cent quinze.

Par devant nous Joseph Oliver maire de la commune de Palol
sont comparus [... Olibaris] laboureur abitant à la ditte
commune et Côme [Villellongue] [...] boyer à gages dudit [Olibaris],
lesquels nous ont fait rapport, que dans la nuit du vingt
et quatre au vingt et cinq du courant et vers les dix à onze heures
du soir, les dit Come [Villelongue] se trouvant à la garde
du troupeau à laine parqué sur un champ dépendant de
la [métairie] des héritiers de Joseph Roiros, située à la ditte
commune de Palol dont le dit [Olibaris] est fermier, la se sont
présentés sept hommes inconnus armés de carabines et [...]
[trabucaire ?], [...] les dits brigans se céssirent du dit gardien
et l'attachèrent en lui disant que s'il demandait secours en
criant ils le tuerait ; quand l'instant même ils s'emparèrent
du troupeau consistant en quatre vingt huit betes à laine
dont vingt deux moutons, trente huit brebis et vingt-huit
agneaux, qu'ils emmenèrent droit en Espagne en faisant laisser
le dit berger jusqu'au sommet de la montagne de Palol, à l'endroit
nommé Mirailles, ou le dit berger fut mis en liberté et descendit
ensuite pour aller rendre compte au dit [Olibaris] son maître, du
vol du dit troupeau, et ensuite le dit [Olibaris] s'empressa de
descendre à Ceret, pour donner connaissance au propriétaire de la métairie,
de l'enlèvement du troupeau dont il s'agit, aussitot que ces
nouvelles sont connues à Ceret, l'autorité l'écoutta et partit un
détachement de la garde nationnale de cette ville pour aller à la
poursuite des voleurs, du dit bétail, et attendu qu'il
c'était déjà écoulé environ quatre ou cinq heures, que le bétail
était party, l'orsque la garde nationnale fut alerté, on n'a
pu trouver aucune trasse du chemin que le dit bétail avait
pu faire. La ditte Garde nationnalle est avis
que non obstant le dit [Olibaris] nous déclare que d'apprès les
renseignements qu'il c'est procuré le dit troupeau à laine
avait été conduit en Espagne à L'abajol et qu'il était passé
près du moulin de ce vilage.
De tout quoy avons dressé le present Procès
verbal, le jour mois et an sy dessus que
nous avons signé, les comparus, interpellés à
signer ont déclaré ne scavoir.

Oliver, maire

Commentaires

Cet événement se déroule le 25 juin 1815 et c'est à peine quatre jours plus tard que le maire sera reconduit dans ses fonctions, ainsi que nous l'avions vu précédemment

Le compte-rendu signale que le berger a été abandonné au sommet de la montagne de Palol, à l'endroit nommé Mirailles. Cela laisse supposer que le Puig de Miralles (et son col que nous avions vu à propos du relief) était aussi appelé montagne de Palol. Bien que le Pic de Bolaric le surpasse en hauteur, le Puig de Miralles offre une vue imprenable sur l'ensemble de la commune de Palol et peut donc expliquer qu'on le surnomme ainsi.

On apprend plus loin que le troupeau a été vu à La Vajol. Cette commune se situe du côté espagnol et permet de penser que les malfaiteurs ont emprunté l'actuel chemin de Palol à La Selve (ancienne commune, aujourd'hui un hameau de Maureillas-las-Illas), avant de passer par Las Illas et de franchir les Pyrénées au Coll de Lli ou au Coll de Manrella en direction de La Vajol. Ces deux cols feront partie, bien plus tard, de la célèbre route de l'exil des républicains espagnols en 1939. Manuel Azaña, président de la République, Lluís Companys, président de la Generalitat ainsi que de nombreuses autres personnalités passent par La Vajol et le Coll de Lli pour se réfugier en France. Deux monuments ont été construits à leur mémoire au Coll de Lli et au Coll de Manrella.

Note du 1er août 2014 : Vous pouvez désormais lire la suite de l'affaire ici.

Source : Archives municipales de Céret
Photo : Fabricio Cardenas (CC-BY-SA)

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dimanche 19 janvier 2014

Palol, le 29 juin 1815


Reconduction du maire de Palol en 1815


J'ai entamé dans un nouveau blog il y a une semaine la retranscription de documents concernant la période des Cent-Jours dans les Pyrénées-Orientales. L'un de ces documents concerne Palol, je le retranscris donc ici.

Retranscription pour la mairie de Palol (orthographe et accentuation fidèles au document).

Histoire de Palol

Palol

L'an mil huit cents quinze, et le vingt neuvieme jour du moi, de juin.
Le conseil municipal de la commune de Palol assemblée aux fins de recevoir le serment à prêter par les sieurs Oliver Joseph maire, et Mas Michel adjoint de cette commune, élus par l'assemblée primaire de la même commune tenue le 28 mai dernier.
Il a été fait lecture de l'arrêté de Monsieur le préfet en date du vingt juin present mois, qui ordonne que les sieurs Joseph Oliver et Michel Mas seront installés en leur ditte qualité, après avoir prêté le serment prescrit par l'article 56 du Senatus Consulte du 28 floreal an 12.
Et de suite, les sieurs Joseph Oliver, et Michel Mas ont prêté individuelement en présence du dit conseil municipal, le dit serment ainsi conçu.
"Je jure obéissance aux
"constitutions de l'empire
"et fidelité à l'empereur,
après quoi  les dits fonctionnaires ont été installés.

De tout quoÿ il a été dressé le present procès verbal signé par le maire, l'adjoint, et les membres du conseil municipal ont déclaré ne savoir signer. Signé Jh Oliver maire.

Pour copie conforme

[Signature]
Jh Oliver maire.

Histoire de Palol


Commentaires

Je savais déjà que Joseph Oliver était maire en 1823 au moment de la fusion avec la commune de Céret. Ce document prouve qu'il était déjà en place avant 1815 et qu'il est maintenu durant la période des Cent-Jours.
L'orthographe du document est correcte. Je ne sais s'il est écrit de sa main (c'est probable), Joseph Oliver est en tout cas le seul de son conseil municipal à savoir signer son nom.
Enfin, en bonus, on a ici le nom de son adjoint, Michel Mas.

Source : ADPO, 2M37
Photos : Fabricio Cardenas


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samedi 28 décembre 2013

Le relief de Palol


Les principaux sommets de Palol

Afin de rendre plus concret l'ancien territoire de Palol, pour ceux qui connaissent bien Céret et ses environs, il m'a semblé intéressant de résumer brièvement les principaux points notables du relief de Palol, à l'exception des cours d'eau dont je m'occuperais plus tard. En partant du mas de Palol, nous rencontrons successivement plusieurs niveaux de relief qui trouvent leur point culminant au Pic des Salines, situé à la frontière du territoire de Céret avec l'Espagne mais hors des limites de Palol. Les orthographes sont celles utilisées par la carte IGN.
Histoire de Palol
Carte IGN

On trouve du nord vers le sud, sur la commune de Palol, le Puig d'en Galí (725 mètres) à l'ouest et le Puig de Miralles (725 mètres) à l'est, puis dans le prolongement de ce dernier le Pic del Bolaric (1031 mètres).  Entre le Puig de Miralles et le Pic del Bolaric se trouve le Coll de Miralles (710 mètres) par où passe la route en provenance du Coll de Fontfreda (sur le territoire de Céret) et en direction de l'ancienne commune de La Selva (aujourd'hui un simple hameau).
Histoire de Palol
Bolaric (à gauche) et Miralles (à droite) vus depuis La Selva

Voyons ce que nous dit Lluís Basseda sur l'origine de ces noms.


Histoire de Palol
Borne géodésique
Le Puig d'en Galí
Comme le laisse aisément deviner le en que l'on retrouve devant un nom masculin de personne en catalan, ce sommet se trouvait tout simplement à l'origine sur le domaine d'un dénommé Galí. Ce nom de famille est encore relativement répandu dans le département, bien que souvent francisé en Galy.

Le Puig de Miralles
Miralles, du latin populaire miracula et synonyme de l'espagnol mirador, rappelle sans doute la présence jadis d'une tour ou d'un poste de guet en cet endroit. Cela s'explique aisément pour qui est déjà monté au sommet du Pic de Miralles, très facilement accessible depuis le col du même nom et offrant une vue imprenable sur toute la vallée. On y trouve aujourd'hui une borne géodésique (n° 6604905) portant l'inscription 1960. On trouve également une ancienne borne au col du même nom sur laquelle on peut encore lire Col Miraille.
Histoire de Palol
Borne du Coll de Miralles

Le Pic del Bolaric
Deux étymologies sont possibles. Le roman bol ou bola, signifiant ravin, pourrait être à l'origine du nom. Accolé au nom de personne, d'origine germanique, Euric (connu par ailleurs), cela donnerait le ravin d'Euric. Dans la deuxième hypothèse, les termes germaniques boll ou bolla (ami) et rik (roi) donnent l'ami du roi

Ainsi que nous l'avons vu précédemment, le Bolaric est le point culminant de l'ancienne commune de Palol et constituait jadis un tripoint entre les frontières de Céret, Palol et La Selva. Le Coll de Miralles, quant à lui, se trouvait bien entièrement sur la commune de Palol, la limite avec La Selva se trouvant plus loin, après le Mas del Prat Lloser.



Sources :
Carte IGN Céret 2449 OT
Lluís Basseda, Toponymie historique de Catalunya Nord, t.1, Prades, Revista Terra Nostra, 1990, 796 p.
Photos : Fabricio Cardenas [cc-by-sa]


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lundi 9 décembre 2013

Palol sur la carte de Nicolas de Fer (1706)


Les environs de Céret sur la carte de la province du Roussillon

Nicolas de Fer (vers 1647-1720) est un éditeur et géographe actif durant le règne de Louis XIV. S'étant spécialisé dans les documents suivant l'actualité politique de son temps, il édite notamment plusieurs cartes détaillant les nouveaux territoires conquis par son roi. Parmi ceux-ci se trouve la province du Roussillon, française depuis le traité des Pyrénées de 1659. Nous avons donc la chance de disposer d'une carte datée de 1706 éditée par Nicolas de Fer concernant notre région. Le titre exact en est : Le Roussillon, subdivisé en Cerdagne, Capsir, Conflans, Vals de Carol et de Spir ou se trouve encore le Lampourdan, faisant partie de la Catalogne. Cette carte mentionne de très nombreux lieux et même de petits cours d'eau, c'est donc une source très riche sur la toponymie de l'époque. Toutefois, il semble évident que Nicolas de Fer n'a pas visité lui-même l'ensemble des lieux mentionnés et certaines graphies semblent être le résultat d'interprétation d'écriture face aux documents que notre géographe a dû utiliser pour la création de sa carte. Il semble ne pas y avoir de règle pour les orthographes choisies, certains noms suivant une graphie catalane, d'autres une graphie clairement francisée. Enfin, il s'agit bien d'une carte de la province du Roussillon, telle qu'elle a existé de 1659 à 1790, excluant donc de fait le Fenouillède, situé en Languedoc, bien qu'une partie significative apparaisse sur la carte.
Histoire de Palol
La carte du Roussillon de Nicolas de Fer
Concernant le Vallespir, celui-ci apparaît orthographié Val de Spir dans le titre et Vall de Spir sur la carte elle-même. Le Vallespir est à l'époque une sous-viguerie de la viguerie du Roussillon, elle-même partie de la province du même nom avec les vigueries de Conflent et de Cerdagne. Son territoire s'étend depuis le Campmagre (Pla de Campmagre) et le Pla Guillen (Pla Guillem), puis sur toute la vallée du Tech, jusqu'à la côte, de Teso Daval (aujourd'hui Taxo d'Avall) et Teso d'Amont (Taxo d'Amont) jusqu'au cap de Cervera (cap de Cerbère). On remarque que Saint Jean de Pages (Saint-Jean-Pla-de-Corts) ne fait clairement pas partie du Vallespir sur cette carte. Aujourd'hui le panneau "Vallespir" en bord de route se trouve entre Le Boulou et Saint-Jean, l'incluant de fait.

Mais voyons maintenant le sujet qui nous préoccupe ici : Palol et ses environs. Céret et les lieux de peuplement limitrophes de l'époque sont tous mentionnés. Juste à l'ouest de Ceret on trouve Rives (Reynès), au nord La Vilar (El Vilar), Saint Ferriol (ermitage Saint-Ferréol) et Saint Jean de Pages (Saint-Jean-Pla-de-Corts). Au sud-ouest, on trouve mentionné , étrangement, le coll del Fach (coll del Faig), petit col naturel situé du côté espagnol et dirigé vers Saint-Laurent-de-Cerdans mais par lequel aucune route ne passe (en tout cas aujourd'hui).
Histoire de Palol
Les environs de Céret
Immédiatement à l'est de Céret, on trouve Convent de Capuc., le couvent des Capucins encore situé à l'extérieur de la ville mais aujourd'hui en bordure de la zone urbanisée. Et immédiatement en biais au-dessous on trouve mentionné... Pallau ! Il s'agit évidemment de l'emplacement actuel du mas Palol et ce Pallau ne saurait être confondu avec l'actuel quartier du Palau situé au nord de Céret. Cette graphie est-elle une erreur ou la simple preuve que les formes des noms varient en permanence à travers les époques ? Je ne me prononcerais pas, bien que la deuxième option paraisse probable. 

Continuons en regardant vers le sud. On trouve les anciennes communes de La Selve et de Las Illas, avec un peu plus à l'est celle de Renogués (Riunoguès). On voit également un mystérieux coll de Tiles, qui pourrait correspondre au col des Salines, puisqu'il semble mener à Notre-Dame des Salines sur le versant espagnol. Le Pla Pastera (Pla de la Pastera) et le coll de Portelles (coll de Portells) sont, eux, facilement identifiables. Il n'y a pas non plus de nos jours de route vers le versant espagnol à ce dernier col, mais il est par contre situé sur le chemin entre Las Illas et Riunoguès sans passer par Maureillas. Cette dernière localité est orthographiée Montellas, graphie qui résulte à mon avis d'une erreur de lecture de la part de notre géographe : de aur à ont, il n'y a qu'un pas et l'on trouve d'autres erreurs similaires ailleurs sur la carte.

Source de la carte : Gallica


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vendredi 15 novembre 2013

Procès-Verbal de délimitation de la commune de Palol : Limites avec la commune de Céret


Le tracé du géomètre entre Palol et Céret


Après avoir vu l'introduction du procès-verbal du 1er juillet 1823, passons maintenant au paragraphe définissant les frontières communales entre Céret et Palol. J'ai tenté de retranscrire le texte disponible. Certains passages sont illisibles ([...]) et d'autres sont incertains ([xxx]). La plus grande difficulté vient bien sûr des noms de personnes de l'époque que mes recherches futures permettront peut-être de préciser.
Note : Les personnes ayant effectué le parcours sont parties du sud vers le nord.


Histoire de Palol

Paloll

Limites avec la commune de Céret

Partant du pic du Boularic ci-dessus désigné nous avons reconnu
d’après l’indication du maire et des indicateurs de Paloll, en présence du
maire et des indicateurs de Céret que la ligne [désignée] entre les territoires
de ces deux communes se dirige du sud au nord et qu’en suivant le haut
versant de la montagne, elle va aboutir à la Couillade du Boularic à un
gros roc sur lequel on trouve une croix gravée et de là à peu près
dans la même direction la ligne de démarcation va à la naissance du
ravin de la Solana d’en Blanc et descend ensuite ce ravin jusqu'à
son confluent avec celui de Nogarède puis on suit ce cernier ravin
le descendant dans ses sinuosités jusqu’à l’angle de la châtaigneraie de Michel
Albitre au lieu dit [la maison] de los [Bossos] et de là [...fin de page...]

[...] va aboutir par une ligne droite qui traverse les olivets à une pierre
blanche qu’on trouve en haut d’une pièce de terre de Cazanove, [rte?] le
Camp del Pilou où il y avait effectivement un pilou que nous n’avons
su retrouver, la dite pierre blanche placée à l’angle sud est d’un champ
de Pierre [Gauvier]. Ensuite la ligne va aboutir en ligne droite au beau
milieu de la métairie dudit Cazenove et va se terminer par une autre
ligne droite au ravin de Fouilla tout près d’une vieille maseure
que je trouve par le bord dudit ravin et sur le bord méridional du
Chemin de Céret au mas d’En Calce Roux, d’où elle prend ce dernier
chemin et le suit dans ses sinuosités jusqu’à l’angle nord est jusqu’à la vigne
de Jean [Balard], point de notre départ, et nous avons reconnu que ce
point [était] la séparation du territoire du territoire [deux fois, sic] de Paloll de
celui de Maureillas et de celui de Céret à l’ouest et nous avons
clos notre procès-verbal que les maires des communes ont signé
avec nous, ainsi que leurs indicateurs le 17 août 1819.

Le maire et les indicateurs de Paloll
Oliver

Le maire et les indicateurs de Céret
Berlan
[Pierre Berlan maire de Céret jusqu’en 1821]

Le géomètre de 1ère classe et ses indicateurs
Charbatié

Le maire et les indicateurs de Maureillas
?

Vu et approuvé à Perpignan
le 29 8bre 1822
Le préfet du département
?
[Marquis de Foresta, préfet depuis août 1822 jusqu’en 1823]


Quelques remarques

Le pic du Boularic (pic del Volaric ou Bolaric) est, à 1031 mètres d'altitude, le point culminant de l'ancienne commune de Palol. C'est aussi à l'époque un tripoint où se rencontrent les frontières communales de Céret, Palol et La Selve.
Histoire de Palol
Le correc de Nogarède
Une couillade est un terme catalan (collada) pouvant désigner un large col. Ce nom a aujourd'hui disparu des cartes en ce qui concerne Céret. Peut-il correspondre à l'actuel col de la Brousse (Coll de la Brossa) où se situe-t-il à peine à quelques mètres plus au sud et quasiment à la même altitude ? La carte IGN ne permet pas de trancher pour l'instant.
La Solana d'en Blanc est un petit ruisseau affluent du correc de Nogarède, lui même affluent du Tech sur sa rive droite. Le point de confluence du correc de Nogarède et du Tech est bien sur la commune de Céret.

Hormis les noms de personnes aujourd'hui disparus, les noms de mas cités dans ce texte ont pour la plupart survécu, parfois sous des orthographes différentes (retour des graphies en catalan) : els Baussos, mas d'en Casanova, mas d'en Calce Roig. Le terme de "pilou" qui apparaît ici et dans plusieurs autres documents désigne dans la région une borne communale, ce qui est donc parfaitement logique.

La frontière entre Palol et Céret est facile à suivre du Boularic et tout le long du correc de Nogarède jusqu'à els Baussos. Les choses se compliquent par la suite, car il m'est difficile pour l'instant de savoir où se situent les champs cités. La frontière nord de Palol reste donc à préciser. D'autres documents restent à déchiffrer et viendront peut-être éclairer ce mystère.

Source : Archives municipales de Céret [domaine public]
Photos : Fabricio Cardenas [cc-by-sa]


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lundi 26 août 2013

Procès-Verbal de délimitation de la commune de Palol : introduction


Les communes limitrophes de Palol

Après le procès-verbal du 1er juillet 1823 déjà utilisé pour situer la commune de Palol (voir ici), je vais maintenant m'attaquer à la délimitation exacte des frontières de la commune. Celles-ci sont définies dans un autre procès-verbal, daté du 23 mai 1819 et effectué par le même géomètre, Bernard Charbatié, accompagné du Contrôleur des contributions directes.

Histoire de Palol

Le relevé est effectué en présence du maire de Palol en 1819, Joseph Oliver, de son adjoint Joseph Guisset, ainsi que de leurs indicateurs. Se joignent au groupe pour chaque section le maire, adjoint et indicateurs des communes successivement concernées par les limites examinées. Cependant, la signature du procès-verbal par toutes les parties n'est datée que du 29 octobre 1822. On y trouve la signature d'Oliver, maire de Palol, de Pierre Berlan, maire de Céret jusqu'en 1821 seulement, du Géomètre et du maire de Maureillas, dont le nom est illisible. En bas, se trouve la signature du Marquis de Foresta, préfet du département depuis août 1822. On en déduit donc qu'ils n'ont pas tous signé en même temps et que la date correspond sans doute à la signature par le préfet. Enfin, on remarque l'absence de la signature du maire de la commune de La Selva, qui pourtant existe encore jusqu'en 1823. Mais justement, on sait qu'une des raisons invoquées par le préfet pour faire absorber La Selva par Las Illas est la non gestion des affaires courantes par l'équipe municipale (La Selva compte 45 habitants en 1820).

Histoire de Palol
Les signatures

Le procès-verbal comprend un texte d'introduction et 3 articles :
* Article premier : Limites avec la commune de Maureillas.
* Article second : Limites avec la commune de La Selva.
* Article troisième : Limites avec la commune de Céret.

Les limites avec Maureillas et La Selva correspondent aux limites actuelles de Céret avec Maureillas, cette dernière commune ayant depuis absorbé Las Illas, qui avait elle-même absorbé La Selva. Je laisserai donc de côté les deux premiers articles pour l'instant, mais j'y reviendrai plus tard en raison de leur intérêt toponymique évident.

Commençons pour aujourd'hui par la retranscription du texte d'introduction, qui est en fait un texte pré-rédigé où le géomètre complète les blancs à remplir. La formulation en est néanmoins intéressante. Une précision : Palol est orthographié Paloll dans l'ensemble de ce document.

Procès-verbal
de délimitation du territoire de la commune
de Paloll

L'an mil huit cent dix neuf et le vingt-troisième jour du moi de mai nous, Géomètre de première classe, nommé par le Préfet du département des Pyrénées-Orientales, pour procéder, conformément aux instructions du Ministre des finances, à la reconnaissance des lignes de circonscription des communes du canton de Céret nous sommes transportés, accompagné du Contrôleur des contributions directes, au chef-lieu de la commune de Paloll en la mairie, où nous avons trouvé Mr. Joseph Oliver Maire de ladite commune, Mr. Joseph Guisset Adjoint, et Indicateurs nommés par lui, ainsi que les Maires, Adjoints et Indicateurs des communes ci-après désignées, convoqués et rassemblés pour constater contradictoirement la démarcation du territoire de Paloll.

Arrivés sur le terrain nous avons choisi, pour point de départ, celui du périmètre de la commune de Maureillas qui, se trouvant le plus au nord, sert de séparation aux deux communes de Paloll et de Maureillas et nous avons parcouru la ligne de circonscription en allant du nord à l'est, puis au sud et à l'ouest, ayant toujours à notre droite le territoire de Paloll et à notre gauche successivement ceux de Maureillas, La Selva et Céret.


Source : Archives municipales de Céret [domaine public]
Photos : Fabricio Cardenas [cc-by-sa]



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